2016년 9월 27일 화요일

The Jesuit Relations and Allied Documents 33

The Jesuit Relations and Allied Documents 33


XXIV
 
LETTRE DE PAUL LE JEUNE
 
à Cardinal de Richelieu
 
Kebek, Aoust 1, 1635
 
 
SOURCE: The original is in the Archives des affaires étrangères, Paris.
We follow a transcript of the copy in the Library of the Dominion
Parliament, Ottawa.
 
 
 
 
Lettre de Paul Lejeune, de la Cie de Jésus, à Monseigneur le Cardinal.
 
 
MONSEIGNEUR,
 
Très humble salut en celuy qui est le salut de tous les hommes. Je
ne scay pas si je deviens sauvage conversant tous les jours avec les
sauvages, mais je scay bien que ce n'est pas tant la communication
de leur barbarie que le respect que je dois à Votre Grandeur qui m'a
empesché jusques icy de me donner l'honne[u]r de vous escrire. Or je
crains que cette retenue ne me jette dans l'ingratitude veu mesme
qu'il est bien difficile de demeurer tous les jours dans l'estonnement
de vos grandes actions et de vos bienfaits sans que la langue rende
quelque témoignage du sentiment de son cœur. Toute l'Europe, voire tout
l'ancien monde, vous regarde avec admiration. L'Eglise vous chérit et
vous honore comme l'un de ses plus grands princes toute ravie de joie
de voir l'orgueil de ses enemis terrassés par vostre conduite. Toute
la France vous doit sa guérison ayant dissipé le venin qui luy gagnoit
le cœur. hélas! que de malheurs luy seroient arrivés depuis quelques
années si ce poison fut demeuré en sa force au milieu de l'Etat. Les
amis et les alliés de la plus noble couronne de l'univers n'ont pas
assez de paroles pour recognoistre vos bienfaits et ses ennemis n'ont
plus de cœur devant vous. Vous scavez donner la paix et la guerre comme
vous possédez également la bonté et la Justice. La terre est trop
petite pour vos soins. Les mers recognoissent vostre puissance c'est
vous qui alliez la Nelle France à l'ancienne et tous ces peuples qui ne
cognoissent pas encore le vray Dieu commencent à cognoistre et admirer
vostre authorité et jouir des doux fruits de vostre bienveillance.
Je contemple tout cecy avec étonnement, mais je suis ravy quand je
voy vostre esprit sans quitter le soin des grandes affaires prendre
des pensées et des affections si douces et si fortes pour un petit
nombre de personnes logées au bout du monde. Je parle des religieux de
nostre compagnie que vous honorés d'une affection particulière en ces
dernières contrées. Je ne scaurois lire sans admirer vostre bonté la
recommandation que ie garde encore signée de vostre propre main par
laquelle nous prenant soubs vostre protection vous commandiez à ceux
qui suivant vos ordres venoient retirer le pays d'entre les mains des
Anglois de nous traiter favorablement sur peine d'en repondre en leur
propre personne. Il eut fallu avoir un cœur de bronze pour n'avoir
point de sentiment à la veue de cette recommandation qui nous fut
apportée en la Nelle France de vostre part et qui essuia une bonne
partie de la tristesse que nous avions de voir ce païs en la déplorable
estat depuis un si longtems que nos François le possédoient mais il va
tous les jours changeant de face depuis que vous le daignés honorer
de vos soins. Ces Messieurs de la Nvelle Compagnie y ont plus faict
de bien en un an que ceux qui les ont devancés en toute leur vie. Les
familles commencent à s'y multiplier et nous pressent déjà d'ouvrir
quelque escole pour instruire leurs enfans et que nous commencerons
bientost Dieu aidant. Je ne crains qu'un malheur que ces Messieurs qui
font à n'en point mentir de très grandes dépenses comme il appert par
les beaux équipages qu'ils mettent en mer ne perdent ou ne diminuent
quelque chose de ce grand courage qu'ils font maintenant paroistre.
Si par malheur leur traite de pelleteries ne leur succédoit pas
tousjours, Monseigneur, vous êtes tout puissant en ce point comme en
plusieurs autres un seul regard de vos yeux les peut protéger et animer
et secourir encore toutes ces contrées d'ou la France peut tirer un
jour de grands avantages. On scait assez par l'expérience et par la
lecture des historiens et des géographes qu'il sort tous les ans très
grand nombre de personnes de la France se jettant qui de çà qui de là
chez l'estranger pour n'avoir de quoy s'employer dans leur pays. Je me
suis laissé dire et ne l'ay pas entendu qu'avec un grand regret qu'une
bonne partie des artisans qui sont en Espagne sont François. Quoy donc
faut-il que nous donnions des hommes à nos ennemis pour nous faire la
guerre et nous avons icy tant de terres si belles si bonnes où l'on
peut jeter des colonies qui seront fidèles à sa Majesté et à Vostre
Grandeur. Le fils d'un artisan françois nay en Espagne est Espagnol,
naissant en la Nelle France il sera François. Tout gist à emploier
forces hommes à déserter et desfricher les bois pour distribuer la
terre aux familles qu'on fait et qu'on fera passer. Messieurs de la
Compagnie font merveille en ce point mais les frais sont si excessifs
que je ne douterois quasi de leur persévérance s'ils n'estoient appuyés
de Votre Grandeur. Monseigneur vous estes le cœur et l'âme de cette
compagnie et de toute la Nelle France vous pouvez non seullement donner
la vie du corps à une infinité de pauvres artisans françois qui la
vont mendier chez l'étranger faute de terre, mais vous pouvez encore
donner la vie de l'âme à une infinité de peuples barbares qui meurent
tous les jours dans l'esclavage de Satan, faute de prédicateurs de
l'Evangile. Si vostre Grandeur nous continue sa faveur et ces Messieurs
leur bienveillance j'espère qu'aussytost que nous saurons la langue
que vous verrez et gouterés les fruits d'une nouvelle Eglise d'auttant
plus doux et savoureux que ces pauvres barbares sont maintenant dans un
Estat pitoiable. Nous avons desjà dans nos premiers begaimens envoié
quelques âmes au ciel lavées dans le sang de l'agneau. Ce sont des
fruits d'une vigne que vous plantez, Monseigneur, et que vous arrousez
de vos faveurs. Aussi est-il bien raisonable que cette nouvelle Eglise
prenne ses commencemens et ses progrès soubs l'authorité et soubs
l'assistance d'un Prince de l'Eglise, mais je m'égare dans la longueur
de mes discours ne me souvenant pas que parlant aux Grands il faut
plustot tenir du Laconien que de l'Athénien. Je ne tiens ni de l'un
ni de l'autre, je relesve de vostre douceur et de vostre bonté qui me
donne et faict accès auprès de Sa Grandeur et qui me permettera s'il
luy plaist de porter en ce nouveau monde le tiltre et la qualité
 
Monseigneur
 
De Vostre très humble
très obéissant et très
obligé serviteur en
nostre Seigneur.
Paul Lejeune, de la
Compagnie de Jésus.
 
A KEBEK en la N'ELLE FRANCE, le 1er Jour d'Aoust 1635.
 
Letter from Paul Lejeune, of the Society of Jesus, to Monseigneur
the Cardinal.
 
 
MONSEIGNEUR,
 
My very humble greetings, in him who is the salvation of all men.
I do not know whether I am becoming savage, by associating every
day with the savages; but I do know well that it is not so much
the contact with their barbarism as the respect I owe to Your
Eminence, which has prevented me until now from giving myself the
honor of writing to you. Now I fear that this reserve makes me seem
ungrateful, especially as it is hard to remain from day to day in a
state of wonder at your great deeds and benefactions, and not allow
the tongue to give some evidence of the sentiments of the heart.
All Europe, yes, all the old world regards you with admiration. The
Church cherishes and honors you as one of its greatest princes,
full of joy at seeing the arrogance of its enemies crushed by your
government. All France owes her recovery to you, who dissipated
the poison which was creeping to her heart. Alas, what misfortunes
would have befallen her in these past years, if this poison had
retained its strength in the midst of the State![16] The friends
and allies of the most noble crown in the universe have not words
enough to acknowledge your kind deeds, and its enemies no longer
have courage in your presence. You know when to make both peace and
war, as you possess equally goodness and Justice. The land is
too small for your efforts. The seas acknowledge your power, for
it is you who have joined the New France to the old; and all these
peoples, who do not yet know the true God, begin to acknowledge
and admire your authority, and to enjoy the sweet fruits of your
benevolence. I contemplate all this with astonishment, but I am
charmed when I see how your mind, without leaving the care of great
affairs, takes so kind and deep an interest and fondness for a
small number of people lodged at the ends of the earth. I mean the
religious of our society, whom you honor with special affection
in these distant countries. I could not read without wondering
at your goodness the recommendation which I still keep, signed
by your own hand,--in which, taking us under your protection,
you commanded those who, in accordance with your orders, came to
take the country from the hands of the English, to accord us good
treatment under penalty of answering for it in their own persons.
It would have taken a heart of bronze not to feel emotion at the
sight of this recommendation,[17] which was brought to us in New
France by your authority, and which largely dispelled our sadness
in seeing this country in such a deplorable state, after so long a
time as our French had been in possession of it. But its condition
goes on changing every day since you have deigned to honor it with
your interest. These Gentlemen of the New Company have done more
good here in one year than those who preceded did in all their
lives. Families are beginning to multiply, and these already urge
us to open a school for the education of their children, which we
will begin soon, God helping us. I fear but one misfortune,--that
these Gentlemen, who have told no untruth about their great
expenses, which are evident in the fine outfits they put to sea,
may altogether or partly lose the great courage they now display,
if unfortunately their trade in peltries should not always succeed.
Monseigneur, you are all-powerful in this matter, as in many
others; a single glance of your eyes can protect, animate, and help
them, and indeed all these countries, from which France can one
day derive great benefits. It is well known, both from experience
and from reading historians and geographers, that every year a
very great number of people leave France, and cast themselves,
some here, some there, among foreigners, because they have no
employment in their own country. I have been told, and have heard
it only with great regret, that a large part of the artisans in
Spain are Frenchmen. How then! must we give men to our enemies to
make war upon us, when we have here so many lands, so beautiful and
good, where colonies can be introduced which will be loyal to His
Majesty and to Your Eminence? The son of a french artisan born in
Spain is a Spaniard; but, if he is born in New France, he will be
a Frenchman. It all lies in employing strong men to cut down and
clear the woods, so that the land may be distributed among families
which are here, or will be brought over here. The Gentlemen of
the Company are doing wonders in this regard; but the outlay is
so great that I would almost have doubts of their continuing in
the work, were they not supported by Your Eminence. Monseigneur,
you are the heart and soul of this company and of all New France.
You not only can give physical life to an infinite number of
poor french workmen, who go begging it among strangers for lack
of land; but you can give spiritual life to a great number of
barbarous people, who die every day in the slavery of Satan for
lack of preachers of the Gospel. If Your Eminence continues your
favors to us, and these Gentlemen their kindness, I hope that, as
soon as we shall know the language, you will see and taste the

댓글 없음: