2016년 1월 18일 월요일

Armand de Pontmartin 1

Armand de Pontmartin 1


Armand de Pontmartin, sa vie et ses oeuvres 1811-1890
 
Author: Edmond Biré
 
 
_PRÉFACE_
 
 
_Très nombreux sont les documents que j’ai eus à ma disposition
pour écrire ce volume. Dans ses_ Mémoires, _Pontmartin a fait à
l’imagination une part peut-être trop large; ils n’en sont pas
moins très sincères et demeurent, pour son biographe, une source
précieuse de renseignements. Les souvenirs abondent, et cette fois
presque toujours très exacts, dans ses Causeries littéraires, et en
particulier dans les vingt volumes des_ Nouveaux Samedis _et dans les
dix volumes des_ Souvenirs d’un vieux critique. _Mais c’est surtout
sa Correspondance qui m’a été d’un puissant secours. Outre quelles
sont charmantes,on le verra bien,ses lettres, écrites de premier
jet, toujours sous l’impression du moment, nous apprennent tout de sa
vie, de son caractère, de ses sentiments. Il a écrit là, au jour le
jour, ses vrais Mémoires. Aux lettres que, pendant plus de trente ans,
il n’avait cessé de m’adresser et où il ne taisait rien de ses joies
et de ses deuils, de ses succès et de ses mécomptes, sont venues se
joindre d’autres correspondances, celles qu’il entretenait avec Joseph
Autran, Victor de Laprade, Cuvillier-Fleury, Alfred Nettement, Jules
Claretie. La communication m’en a été libéralement accordée par M^{me}
et M. Jacques Normand, fille et gendre d’Autran, par MM. Victor et Paul
de Laprade, par M^{me} Victor Tiby, fille de Cuvillier-Fleury, par
M^{lle} Marie-Alfred Nettement, par M. Claretie. Que tous reçoivent
ici l’__EXPRESSION__ de ma profonde gratitude! Mon livre, cependant, eût
été incomplet si je n’avais eu l’aide, précieuse entre toutes, de
M. Henri de Pontmartin, qui m’a soutenu de ses conseils et qui m’a
si gracieusement ouvert le trésor de ses souvenirs. Qu’il en soit
particulièrement remercié!_
 
_J’ai été l’ami d’Armand de Pontmartin: l’affection et la
reconnaissance ont-elles influencé mes jugements? M’ont-elles conduit à
parler de lui et de ses œuvres avec trop de faveur? Je ne le crois pas.
Comme l’abbé de Féletz, qui venait de louer un de ses amis, je crois
être en droit de dire: «L’amitié que j’ai pour lui n’a point enflé les
éloges que je lui ai donnés; elle n’a pas dû m’empêcher de lui rendre
justice: elle a fait seulement que je lui ai donné ces éloges et rendu
cette justice avec plus de plaisir[1].»_
 
 
 
 
ARMAND DE PONTMARTIN
 
 
 
 
CHAPITRE PREMIER
 
LA FAMILLE ET L’ENFANCE
 
(1811-1823)
 
Les _Ferrar_. Le traducteur du Tasse. Le comte Joseph-Antoine et
_Monsieur des Angles_. L’Émigration. En Ukraine.Retour aux Angles.
L’_Oncle Joseph_. M. Eugène de Pontmartin et M^{lle} Émilie de Cambis.
La marquise de Guerry et _les Trois Veuves_.Naissance d’Armand de
Pontmartin. L’hôtel de Calvière et Mademoiselle de Sombreuil. La
Mission de 1819 et le voyage de la duchesse d’Angoulême. Virgile et M.
Ract-Madoux.
 
 
I
 
Armand de Pontmartin n’a jamais voulu être autre chose qu’un
écrivain, un homme de lettres. Rien ne lui était plus déplaisant que
de s’entendre appeler _Monsieur le Comte!_ Démocrate, il ne l’était
guère; cela ne l’empêchait pas d’avoir en horreur les généalogies et
tout ce qui ressemblait à des préoccupations aristocratiques. Que de
fois il s’est égayé à propos d’écrivains-gentilshommes qui, dans leurs
_Mémoires_, commencent par déclarer avec fracas qu’ils n’admettent
d’autre distinction que celles de l’intelligence, et qui, ensuite, ne
nous font grâce, ni d’un quartier, ni d’un détail héraldique! Le jour
où, sur mes instances, il consentit enfin à écrire ses Mémoires, ses
souvenirs d’enfance et de jeunesse, il évita soigneusement de parler de
ses _ancêtres_; des origines et de l’ancienneté de sa famille, il ne
dit pas un mot. Je n’ai pas le droit d’être aussi discret que lui. Le
premier devoir d’un biographe est de replacer dans son _milieu_ celui
dont il écrit la vie, de faire connaître ses parents, de remonter au
moins à deux ou trois générations en arrière.
 
* * * * *
 
Le nom patronymique des Pontmartin est _Ferrar_ et se montre d’abord
à Avignon sous Henri IV. Les Ferrar étaient sans doute d’origine
italienne, comme tant d’autres familles avignonnaises; ce qui le
ferait croire, c’est cette orthographe d’un nom en _ar_ sans autre
consonne finale, qui semble une transcription littérale du nom
italien _Ferrari_. Sous Louis XIII, un Ferrar va d’Avignon s’établir
à Montpellier, où il acquiert le titre et remplit les fonctions de
Conseiller à la Cour des comptes, aides et finances de cette ville. Cet
office devint héréditaire dans la famille et se transmit d’aîné en aîné
jusqu’à la fin du XVIII^e siècle. La branche aînée possédait aussi le
domaine de Pontmartin[2], acquis en 1625.
 
Suivant l’usage des familles parlementaires, les aînés, tout en
possédant ce domaine, érigé pour eux en seigneurie en 1644, n’en
portaient pas le nom et s’appelaient Messieurs de Ferrar; ils
laissaient prendre ce nom à leurs cadets, dépourvus de tout apanage. Un
de ces conseillers, Antoine, traduisit, non sans succès, la _Jérusalem
délivrée_, du Tasse, ce qui lui a valu de figurer dans la _Biographie
universelle_ de Michaud[3]. La branche aînée s’éteignit à l’époque de
la Révolution et les trois filles du dernier représentant de cette
branche vendirent au père de l’écrivain, en 1813, le domaine de
Pontmartin.
 
Tandis que les aînés conservaient avec soin leur office de judicature,
les cadets se tournaient du côté des armes. Le traducteur du Tasse
avait un frère officier. Un autre de ses frères, son successeur
dans sa charge (car lui-même mourut sans être marié), eut deux
fils officiers, outre l’aîné qui, bien entendu, se réserva pour la
magistrature. L’un devint général au service de l’Espagne et mourut,
vers 1750, gouverneur de Lérida. L’autre, Antoine, qui porta toujours
le double nom de Ferrar de Pontmartin, fit la campagne d’Espagne sous
le Régent comme capitaine au régiment de Rouergue: forcé par une
blessure de quitter le service actif, il fut nommé directeur général
des fortifications du Roussillon. Il mourut à Perpignan, en 1748,
laissant un fils âgé de quatre ans, Joseph-Antoine. Sa veuve n’eut
pour toute ressource qu’une pension de deux cents livres et traversa
quelques années de cruelle misère; mais en 1753 elle eut le bonheur
de faire admettre son fils à l’École militaire, récemment fondée à
Paris. Joseph-Antoine (ce fut le grand-père d’Armand de Pontmartin)
eut une carrière militaire extrêmement brillante. C’était un homme
superbe, un cavalier incomparable, dont il est fait mention dans
plusieurs ouvrages du temps. Sorti de l’école à seize ans, en 1760, il
fit les dernières campagnes de la guerre de Sept Ans. Son avancement
fut rapide. Il était en 1780 mestre de camp commandant le régiment
Commissaire-général-cavalerie, chevalier de Saint-Louis, titré de comte
dans ses brevets. Lieutenant des gardes du corps en 1784, il n’avait
que quarante-cinq ans en 1789 et pouvait espérer arriver plus haut. La
Révolution brisa sa carrière. Il devait devenir plus tard maréchal de
camp, mais seulement en 1798, pendant l’émigration, et en vertu d’un
brevet daté de Blankenbourg et signé par le roi de France en exil.
 
En 1781, son grade de mestre de camp, et peut-être aussi sa belle
prestance lui avaient valu de faire un mariage qui, de la situation
d’officier sans fortune, l’avait fait passer à celle de grand
propriétaire. Il avait épousé, le 20 mars 1781, dans l’église du
village des Angles[4], Jeanne-Thérèse Calvet des Angles, d’une famille
de bonne bourgeoisie avignonnaise; son père était capitaine au régiment
de Guienne et chevalier de Saint-Louis; sa mère était fille d’un
bâtonnier des avocats au Parlement de Paris. Elle était l’héritière du
domaine des Angles et même de la seigneurie de ce nom, acquise par son
oncle, l’homme important de la famille, _Monsieur des Angles_, comme on
l’appelle, celui qui bâtit la maison où a vécu et où est mort Armand de
Pontmartin.
 
Elle eut deux fils, Joseph, né le 12 janvier 1782, et Eugène, né le 6
février 1783. Devenus presque aussitôt orphelins, M^{me} de Pontmartin
étant morte à vingt-sept ans des suites de sa seconde couche; privés de
la présence de leur père que sa carrière retenait dans de lointaines
garnisons, Valenciennes d’abord, puis Versailles, les deux enfants
trouvèrent une seconde mère dans une cousine de celle qu’ils avaient
perdue, personne d’une exquise bonté, qui se dévoua à eux et ne les
quitta plus.
 
 
II
 
A la fin de 1791, M. de Pontmartin émigra en Suisse et s’établit
provisoirement à Vevey, où ses fils allèrent le rejoindre. De là,
on alla à Soleure, où les enfants passèrent deux ans au collège des
Oratoriens de Bellelay. Ils y prirent le goût des lettres, en dépit de
dures privations, souffrant du froid et même un peu de la faim. Les
maîtres étaient comme eux des émigrés, dénués de toutes ressources. Au
printemps de 1793, la famille est à Vienne, d’où elle passe bientôt
en Pologne, puis en Ukraine, dans un domaine rural appele Boubenoska.
Un peu plus tard, on se fixe à Tulczin, toujours en Ukraine. Dans
cette petite ville de la Russie polonaise, nos émigrés retrouvent
comme un petit coin de France, où l’ancien lieutenant des gardes du
corps essaie par moments d’oublier ses peines en ravivant les douces
et mélancoliques images de Versailles et de Trianon. Il y avait là,
en effet, presque tous les Polignac, la comtesse Diane, non pas la
brillante amie de la reine Marie-Antoinette, mais sa belle-sœur, non
mariée, et avec elle ses trois neveux, Jules, Armand et Melchior
de Polignac, qui se lièrent étroitement avec Joseph et Eugène de Pontmartin.   

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