2016년 3월 3일 목요일

L'autre monde ou Histoire comique des Etats et Empires de la Lune 3

L'autre monde ou Histoire comique des Etats et Empires de la Lune 3



Ce qui appartient bien en propre à Cyrano, c'est d'avoir conçu
clairement la première idée de l'aérostation. Il indique l'emploi
de globes creux remplis d'un gaz dilatable, plus léger que l'air
atmosphérique; il va même jusqu'à calculer le moyen de redescendre en
laissant échapper du gaz, lorsqu'on s'est élevé trop haut.=
 
=Cet homme-là n'était pas un homme ordinaire; et s'il faut absolument
que ce soit un fou, avouez que ce n'était pas là un fou à mépriser.=
 
=Il avait d'ailleurs conformé la conduite de sa vie aux doctrines qu'il
avait embrassées. En même temps qu'il se rendait savant, il se fit
modeste, frugal et chaste comme un vrai pythagoricien.=
 
=Sa fortune était loin d'égaler son mérite. Il était le cinquième
enfant d'un gentilhomme assez pauvre lui-même. Après avoir repoussé
les œuvres flatteuses du maréchal de Gassion, un des grands hommes
de guerre de ce temps-là et l'ami de Gustave-Adolphe, qui voulait se
l'attacher par estime pour ses talents et pour ses connaissances,
Cyrano avait fini par accepter le patronage d'un personnage d'une
valeur non moins éclatante et non moins éprouvée, je veux parler du duc
d'Arpajon, marquis de Severac, à qui _La Mort d'Agrippine_ est dédiée.
Il rentrait un soir à l'hôtel de ce seigneur, lorsqu'il fut atteint à
la tête par la chute d'une pièce de bois. Il languit quelque temps et
mourut en 1655, à l'âge de trente-six ans.=
 
=Ses derniers moments, adoucis par l'amitié de sa cousine Mme de
Neufvillette, et de sa vénérable tante, Catherine de Cyrano, prieure
du couvent des Filles-de-la-Croix, rue de Charonne, furent ceux d'un
chrétien. Catherine de Cyrano réclama sa dépouille mortelle qui fut
ensevelie sous les dalles de l'église.=
 
=Auguste VITU=
 
 
 
 
PIÈCES JUSTIFICATIVES
 
 
_Mariage d'Abel Ier de Cyrano avec Espérance Bérenger_
 
(1612).
 
«Le troisiesme septembre mil six cent douze ont receu la benediction
nuptiale, apres la publication de trois bans et veu une lettre de trois
autres de St-Eustache, noble homme _Abel de Cyrano_, de la paroisse de
St-Eustache, et damoiselle _Esperance Berenger_, de cette paroisse.»
(Anciennes archives de la Ville de Paris, aujourd'hui brûlées, registre
Saint-Gervais.)
 
 
_Baptême de Denys de Cyrano_
 
(1614).
 
«Le treiziesme de mars mil six cent quatorze a été baptisé _Denys_,
fils de noble homme Abel de Cyrano, escuyer, sieur de Mauvieres, et
de damoiselle Esperance Bellanger (_sic_), sa femme demeurant rue des
Prouvaires à Paris; le parin Denys Fedeau, conseiller et secretaire du
roy; la marine dame Anne Le Maire, femme du feu noble homme messire
Savinien de Cyrano, vivant conseiller et secretaire du Roy, maison et
couronne de France.» (Reg. de Saint-Eustache.)
 
 
_Baptême de Savinien II de Cyrano_
 
(1619).
 
«Le sixiesme mars mil six cens disneuf, _Savinien_, fils d'Abel de
Cyrano, escuier, sieur de Mauvieres, et de damoiselle Esperance de
Bellenger (_sic_); le parrain noble homme Antoine Fanny, conceiller
du Roy et auditeur en sa Chambre des comptes, de cette paroisse; la
marraine damoiselle Marie Fedeau, femme de noble homme Me Louis Perrot,
conceiller et secretaire du Roy, maison et couronne de France, de la
paroisse de St Germain l'Auxerrois.» (Reg. de Saint-Sauveur.)
 
 
 
 
[Illustration: Reproduction du titre de l'Edition de 1663.
(_Grandeur Naturelle_)]
 
 
 
 
A MESSIRE
 
TANNEGUY RENAULT DES BOISCLAIRS
 
=_Chevalier, Conseiller du Roy en ses Conseils, et Grand Prévôt de
Bourgogne et Bresse_=
 
 
=MonSIEUR=,
 
=Je satisfais à la dernière volonté d'un Mort que vous obligeâtes
d'un signalé bienfait pendant sa vie. Comme il était connu d'une
infinité de gens d'esprit, par le beau feu du sien, il fut absolument
impossible que beaucoup de personnes ne sussent la disgrâce qu'une
dangereuse blessure, suivie d'une violente fièvre, lui causa quelques
mois devant sa mort. Plusieurs ont ignoré par quel bon Démon il y
avait été secouru; mais il a cru que le nom n'en devait pas être
moins public que l'action lui en fut avantageuse. Vous étiez son ami,
vous l'en aviez souvent assuré, et même vous le lui aviez témoigné en
plusieurs rencontres où vous saviez le besoin qu'il en avait; mais
qu'était-ce faire, que quelques autres hommes n'eussent fait comme
vous? qu'était-ce paraître envers notre ami, que ce que vous paraissiez
envers cent autres qui n'étaient point de sa trempe? Il fallait donc
le tirer de la presse, et que votre générosité le distinguant du grand
nombre de ceux que vous obligiez, fit voir non seulement, comme parle
Aristote, qu'elle n'avait pas dégénéré, mais qu'elle avait enchéri sur
soi-même en faveur d'un si digne sujet. De sorte que quand vous eûtes
la bonté de lui rendre des preuves de votre protection et de votre
amitié dans sa maladie, dont vous arrêtâtes le cours par vos soins et
les assistances généreuses que vous lui rendîtes en l'extrémité de ses
maux les plus violents, ce fut d'une si puissante protection pour lui,
qu'il espéra de vous encore celle qu'un peu devant sa mort il me pria
de vous demander pour cet ouvrage; et ce sera aussi de cette grande
confiance et de ce dernier sentiment que vous jugerez de ceux qu'il
doit avoir eus de votre amitié, puisque c'est dans ce moment fatal que
la bouche parle comme le cœur:=
 
=Nam veræ voces tum domum pectore ab imo
Eliciuntur...=
 
=Et je me suis rendu l'interprète du sien d'autant plus volontiers,
que je prenais part également à ses disgrâces, comme au bien qu'on
lui faisait; et que, par cette raison, comme par mon inclination
particulière, je suis, en vérité,=
 
=Monsieur,=
 
=Votre très-humble et très-affectionné serviteur,=
 
=LE BRET.=
 
 
 
 
A L'AUTEUR
 
DES
 
ETATS ET EMPIRES DE LA LUNE
 
 
_EPIGRAMME_
 
Accepte ces six méchants vers
Que ma main écrit de travers
Tant en moi la frayeur abonde
Et permets qu'aujourd'hui j'évite ton abord
Car autant qu'une affreuse mort
Je crains les gens de l'autre monde.
 
 
SONNET (_du même au même_)[2]
 
_Ton esprit, qu'en son vol nul obstacle n'arrête,
Découvre un autre monde à nos ambitieux,
Qui tous également respirent sa conquête
Comme un noble chemin pour arriver aux cieux._
 
_Mais ce n'est point pour eux que la palme s'apprête.
Si j'étois du conseil des destins et des Dieux,
Pour prix de ton audace, on chargeroit ta tête
Des couronnes des rois qui gouvernent ces lieux._
 
_Mais non, je m'en dédis; l'inconstante fortune
Semble avoir trop d'empire en celui de la Lune:
Son pouvoir n'y paroît que pour tout renverser._
 
_Peut-être verrois-tu, dans ces demeures mornes,
Dès le premier instant ton Etat s'éclipser
Et du moins chaque mois en rétrécir les bornes._
 
_DE PRADE._
 
 
[2] Ce sonnet, se trouve dans les _Œuvres poétiques du sieur de P_.
(Prade), publiées en 1650 (_Paris, Nicolas et Jean de la Coste_,
in-4). Il prouve que le _Voyage dans la Lune_ était composé longtemps
avant la mort de Cyrano, auquel il causa de graves ennuis, comme
lui-même nous l'apprend dans l'_Histoire des Etats et Empires du
Soleil_.
 
 
 
 
PREFACE
 
 
LECTEUR, _je te donne l'ouvrage d'un mort, qui m'a chargé de ce soin,
pour te faire connaître qu'il n'est pas un mort du commun_,
 
_Puisqu'il n'est point couvert de ces tristes lambeaux,
Qu'une Ombre désolée emporte des tombeaux_.
 
_qu'il ne s'amuse point à faire de vaines plaintes, à renverser les
meubles d'une chambre, à traîner des chaînes dans un grenier, qu'il
ne souffle point la chandelle dans une cave, qu'il ne bat personne,
qu'il ne fait point le Cauchemar, ni le Moine bourru, ni enfin aucune
des fadaises dont on dit que les autres morts épouvantent les sots; et
qu'au contraire de tout cela il est d'aussi belle humeur que jamais.
Je crois qu'une façon d'agir si agréable et si extraordinaire dans un
mort, suspendra le chagrin des plus Critiques en faveur de cet ouvrage,
parce qu'il y aurait double lâcheté d'insulter à des Mânes si remplies
de bienveillance, et si soigneuses du divertissement des vivants; mais
que cela soit ou ne soit pas, que le Critique le révère ou le morde,
je suis assuré qu'il s'en souciera d'autant moins que sa belle humeur
est l'unique chose de ce monde qu'il ait retenue en l'autre; de sorte
qu'étant impassible à tout le reste, quelque coup que la médisance lui
porte, il ne fera que blanchir. Ce n'est pas, raillerie à part, que je
veuille imposer à personne la nécessité de n'en juger que par mes yeux:

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