2016년 3월 13일 일요일

Oeuvres complètes de Guy de Maupassant 1

Oeuvres complètes de Guy de Maupassant 1



Oeuvres complètes de Guy de Maupassant - volume 7
 
Author: Guy de Maupassant
 
Au lecteur
 
Cette version électronique reproduit dans son intégralité
la version originale.
 
La ponctuation n'a pas été modifiée hormis quelques corrections
mineures.
 
L'orthographe a été conservée. Seul un mot a été modifié. La
modification se trouve à la fin du texte.
 
 
 
 
ŒUVRES COMPLÈTES
DE
GUY DE MAUPASSANT
 
 
 
 
LA PRÉSENTE ÉDITION
DES
ŒUVRES COMPLÈTES DE GUY DE MAUPASSANT
 
A ÉTÉ TIRÉE
 
PAR L'IMPRIMERIE NATIONALE
 
EN VERTU D'UNE AUTORISATION
DE M. LE GARDE DES SCEAUX
 
EN DATE DU 30 JANVIER 1902.
 
 
IL A ÉTÉ TIRÉ À PART
 
100 EXEMPLAIRES SUR PAPIER DE LUXE
 
SAVOIR:
 
60 exemplaires (1 à 60) sur japon ancien.
20 exemplaires (61 à 80) sur japon impérial.
20 exemplaires (81 à 100) sur chine.
 
_Le texte de ce volume
est conforme à celui de l'édition originale_:
Clair de Lune.
 
_Paris, 1 vol. gr. in-8º ill., Ed. Monnier, éditeur, 1884,
et Ollendorff, Paris, 1888,
avec addition de_:
 
L'Enfant, En Voyage, Le Bûcher (_inédits_).
 
 
 
 
ŒUVRES COMPLÈTES
DE
GUY DE MAUPASSANT
 
 
 
 
CLAIR DE LUNE
 
L'ENFANT--EN VOYAGE
 
LE BÛCHER
 
[Illustration]
 
 
PARIS
 
LOUIS CONARD, LIBRAIRE-ÉDITEUR
17, BOULEVARD DE LA MADELEINE, 17
 
MDCCCCVIII
 
_Tous droits réservés._
 
 
 
 
CLAIR DE LUNE.
 
 
IL portait bien son nom de bataille, l'abbé Marignan. C'était un grand
prêtre maigre, fanatique, d'âme toujours exaltée, mais droite. Toutes
ses croyances étaient fixes, sans jamais d'oscillations. Il s'imaginait
sincèrement connaître son Dieu, pénétrer ses desseins, ses volontés,
ses intentions.
 
Quand il se promenait à grands pas dans l'allée de son petit presbytère
de campagne, quelquefois une interrogation se dressait dans son esprit:
«Pourquoi Dieu a-t-il fait cela?» Et il cherchait obstinément, prenant
en sa pensée la place de Dieu, et il trouvait presque toujours.
Ce n'est pas lui qui eût murmuré dans un élan de pieuse humilité:
«Seigneur, vos desseins sont impénétrables!» Il se disait: «Je suis
le serviteur de Dieu, je dois connaître ses raisons d'agir, et les
deviner si je ne les connais pas.»
 
Tout lui paraissait créé dans la nature avec une logique absolue et
admirable. Les «Pourquoi» et les «Parce que» se balançaient toujours.
Les aurores étaient faites pour rendre joyeux les réveils, les jours
pour mûrir les moissons, les pluies pour les arroser, les soirs pour
préparer au sommeil et les nuits sombres pour dormir.
 
Les quatre saisons correspondaient parfaitement à tous les besoins de
l'agriculture; et jamais le soupçon n'aurait pu venir au prêtre que
la nature n'a point d'intentions et que tout ce qui vit s'est plié,
au contraire, aux dures nécessités des époques, des climats et de la
matière.
 
Mais il haïssait la femme, il la haïssait inconsciemment, et la
méprisait par instinct. Il répétait souvent la parole du Christ:
«Femme, qu'y a-t-il de commun entre vous et moi?» et il ajoutait: «On
disait que Dieu lui-même se sentait mécontent de cette œuvre-là.» La
femme était bien pour lui l'enfant douze fois impure dont parle le
poète. Elle était le tentateur qui avait entraîné le premier homme
et qui continuait toujours son œuvre de damnation, l'être faible,
dangereux, mystérieusement troublant. Et plus encore que leur corps de
perdition, il haïssait leur âme aimante.
 
Souvent il avait senti leur tendresse attachée à lui et, bien qu'il se
sût inattaquable, il s'exaspérait de ce besoin d'aimer qui frémissait
toujours en elles.
 
Dieu, à son avis, n'avait créé la femme que pour tenter l'homme et
l'éprouver. Il ne fallait approcher d'elle qu'avec des précautions
défensives, et les craintes qu'on a des pièges. Elle était, en effet,
toute pareille à un piège avec ses bras tendus et ses lèvres ouvertes
vers l'homme.
 
Il n'avait d'indulgence que pour les religieuses que leur vœu rendait
inoffensives; mais il les traitait durement quand même, parce qu'il la
sentait toujours vivante au fond de leur cœur enchaîné, de leur cœur
humilié, cette éternelle tendresse qui venait encore à lui, bien qu'il
fût un prêtre.
 
Il la sentait dans leurs regards plus mouillés de piété que les regards
des moines, dans leurs extases où leur sexe se mêlait, dans leurs élans
d'amour vers le Christ, qui l'indignaient parce que c'était de l'amour
de femme, de l'amour charnel; il la sentait, cette tendresse maudite,
dans leur docilité même, dans la douceur de leur voix en lui parlant,
dans leurs yeux baissés, et dans leurs larmes résignées quand il les
reprenait avec rudesse.
 
Et il secouait sa soutane en sortant des portes du couvent, et il s'en
allait en allongeant les jambes comme s'il avait fui devant un danger.
 
Il avait une nièce qui vivait avec sa mère dans une petite maison
voisine. Il s'acharnait à en faire une sœur de charité.
 
Elle était jolie, écervelée et moqueuse. Quand l'abbé sermonnait,
elle riait; et quand il se fâchait contre elle, elle l'embrassait
avec véhémence, le serrant contre son cœur, tandis qu'il cherchait
involontairement à se dégager de cette étreinte qui lui faisait goûter
cependant une joie douce, éveillant au fond de lui cette sensation de
paternité qui sommeille en tout homme.
 
Souvent il lui parlait de Dieu, de son Dieu, en marchant à côté d'elle
par les chemins des champs. Elle ne l'écoutait guère et regardait le
ciel, les herbes, les fleurs, avec un bonheur de vivre qui se voyait
dans ses yeux. Quelquefois elle s'élançait pour attraper une bête
volante, et s'écriait en la rapportant: «Regarde, mon oncle, comme
elle est jolie; j'ai envie de l'embrasser.» Et ce besoin d'«embrasser
des mouches» ou des grains de lilas inquiétait, irritait, soulevait le
prêtre, qui retrouvait encore là cette indéracinable tendresse qui
germe toujours au cœur des femmes.
 
Puis, voilà qu'un jour l'épouse du sacristain, qui faisait le ménage
de l'abbé Marignan, lui apprit avec précaution que sa nièce avait un amoureux.

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