2015년 9월 9일 수요일

Pensées d'une amazone 7

Pensées d'une amazone 7



QUESTIONS QUI SE POSENT
 
 
Cela va-t-il leur remettre du sang dans les veines de le verser?
 
C'est peu de mourir pour ce qu'on aime, mais c'est beaucoup de mourir
vainement.
 
Ceux qui ont trop tenu à la vie pour la risquer, l'ont perdue plus que
les autres?
 
Une alliance valait mieux qu'un rapt?
 
Il n'est pas dit qu'Abel se soit défendu.
 
Être victime est aussi une volupté,--une volupté de Dieu.
 
Les Français sont pourtant habitués aux mariages de raison.
 
Le sang français, ce précieux vin de Bourgogne, devient chaque jour
plus rare.
 
Périr, mais sans avoir mélangé ou souillé son crû?
 
«Songeons à refaire des enfants à la France», s'écrient déjà
d'insouciants et stériles journalistes et politiciens.
 
«Luttons pour l'espèce»:
 
Après la maternité forcée ou artificielle, la couveuse artificielle, le
lait artificiel, le sang artificiel, il restait à inventer ... la mort
artificielle.
 
Il n'est pas français de craindre le mélange.
 
Cette «race finie»,--qui recommence.
 
Europe: tonneau des Danaïdes.
 
Leur champ d'honneur: une fosse commune.
 
Les peuples neutres, peuples ternes, badauds, disqualifiés d'être
restés dans le bon sens:--le bon sens n'est pas toujours bon.
 
La terre n'a-t-elle pas une digestion assez solide pour assimiler
l'ennemi et même l'allié,--elle a déjà assimilé le Franc, le Saxon, le
Celte, le Latin, etc?...
 
--L'araignée attire la mouche au centre de ses fils et s'en repaît.
 
Le sang n'est-il pas plus français que la terre n'est française? (Le
juif est plus juif que Jérusalem).
 
L'homme la synthèse de sa patrie, ou la Patrie la synthèse de l'homme?
 
Avant tout, il vaut mieux que la France ait des Français.
 
Les perdre est aussi facile que les refaire est difficile.
 
L'ennemi a peut-être bien pesé que, pour un peuple prolifique, la
guerre,--même la défaite--n'est qu'une saignée, mais qu'un peuple
infécond, même victorieux, s'extermine.
 
N'est-ce pas de l'intérêt de tous les peuples que soit sauvegardé cet
exemplaire rare--intact jusqu'à ses couvertures extérieures? C'est
un type humain qu'on peut aimer entre tous, et l'on ne saurait avoir
d'autre patrie d'élection.
 
Le défendre contre l'emprise allemande, en faveur de l'emprise
cosmopolite?
 
Plutôt deux Babylone que deux Berlin, mais plutôt que deux Babylone, un
Paris.
 
 
Je vois très bien l'Europe républicanisée, où chaque peuple aurait les
spécialités qui lui sont propres, ainsi que jadis.
 
«On allait aux autres villes de Grèce chercher des rhétoriciens, des
peintres et des musiciens, mais en Lacédémone des législateurs, des
magistrats et empereurs d'armée; à Athènes on aprenoit à bien dire,
et icy à bien faire; là, à se desmeler d'un argument sophistique
et à rabattre l'imposture des mots captieusement entrelassez, icy
à se desmeler des appats de la volupté et à rabattre d'un courage
invincible les menasses de la fortune et de la mort; ceux-là
s'embesongnoient après les parolles, ceux-cy après les choses; là
c'estoit une continuelle exercitation de la langue, icy une continuelle
excercitation de l'âme.
 
MONTAIGNE: _Essais_, page 19, tome II. Jouaust.
 
 
 
 
SUPERFICIALITÉS ÉCONOMIQUES
 
 
Nous habitons une seule patrie: le monde.
(MÉLÈAGRE).
 
 
Protections,--qui nous protègent de tout ce dont nous avons besoin. Or,
qui niera cette vérité élémentaire: Nous avons besoin de ce qu'ils ont,
ils ont besoin de ce que nous avons.
 
Faudra-t-il donc «se couper le nez pour embêter son visage?».
 
Nos douanes--espèces de murailles de Chine qui, sans nous rendre
exclusifs, nous appauvrissent.
 
Puissent bientôt les pays protectionnistes sembler des féodalités
démodées.
 
Il y a peut-être moins de différences entre contemporains de
nationalités diverses qu'entre un Français du Moyen-Age et un Français
de nos jours?
 
L'individu a évolué sans la collectivité, mais la collectivité le
rattrape, l'exploite et le fait massacrer.
 
«_La vie d'un peuple n'est qu'une suite de misères, de crimes et de
folies._» (Anatole France).--Les individus sont plus modérés.
 
Il y a partout des êtres civilisés, il n'y a encore nulle part de
civilisations, ce qui fait le contraste entre l'urbanité de l'individu
et la brutalité sanguinaire de la collectivité.
 
Les individus réaliseront-ils jamais en nombre suffisant une
collectivité pensante et juste, comprendront-ils que la congestion
des marchés, la rareté et la cherté (artificielle) des produits
indispensables, amènent les grèves, les guerres et les révolutions,--et
que l'ennemi est celui qui les gouverne vers de telles éventualités?
 
N'est-ce nous tricher nous-mêmes de ne point aider vers une évolution
sagace des impôts: taxes directes, vers un essai prudent du libre
échange de tout ce dont un être moderne pense avoir besoin et dont
chaque peuple ou climat détient la spécialité ou l'excellence?
 
L'être cosmopolite, qu'il soit Japonais, Brésilien, Italien, Espagnol,
Américain, tend à s'identifier: inconscient désir de fusion,
«amour du prochain» en ce qu'il a d'utile, d'agréable, de beau ou
d'interchangeable. Il va vers le semblable, et l'on n'y peut rien
empêcher. Aidons-le donc à s'universaliser avec économie et agrément.
 
Il n'y a qu'un peuple,--le peuple moderne.
 
L'inventaire du monde est fait: il reste à présent à s'y emménager
convenablement,--à nous défendre des éléments, et non des nations.
 
Il n'y a pas de peuple réussi au point qu'il ait à craindre les
mélanges.
 
Faut-il préférer aux sophismes du raisonnement les erreurs de
l'enthousiasme?
 
Allons à l'amour comme ils vont à la guerre.
 
 
 
 
CHOSES DE L'AMOUR
 
 
 
 
IN LOVE
 
 
«_Rien n'est plus doux qu'Éros, et tout ce qui est
heureux vient après. J'ai craché de ma bouche même
le miel... Et voici ce que dit Nossis: «Celle que
Kupris n'a point aimée ne sait pas quelles fleurs
sont les roses._
 
Renée VIVIEN. _Les Kitharèdes_.
 
«_ Whom should I thanken but, you God of Love Of all
this blisse, in which to bathe I ginnee And thanked
be to ye, Lorde, for that I love? This is the right
lifte that I am inne._»
 
CANTERBURY TALES.
 
 
L'amour, cet héroïsme démodé.
 
Nous ne touchons à la vie qu'avec nos cœurs.
 
C'est l'amour de l'impossible qui créa l'amour.
 
L'amour, et ses heures de génie.
 
Son plaisir, cette chute en hauteur.
 
Cette meilleure gloire: être ambitieux pour sa joie.
 
Jaloux pourtant, lorsqu'elle nous quitte pour la joie, pour la joie que
nous lui donnons.
 
Ecrire un tel rythme du sang?
 
Sentir à travers son parfum, son odeur.
 
Leurs bras tordus au-dessus de leurs têtes comme deux Victoires.
 
Touchées par le feu...
 
L'ardeur des femmes en amour, la belle cohérence de leur corps...
 
Ceux qui ne mettent pas leur âme dans leur chair sont indignes de la vie.

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