2015년 9월 9일 수요일

Pensées d'une amazone 24

Pensées d'une amazone 24


Dans la conviction profonde qu'il ne saurait en avoir, il donnait libre
cours à son éloquence, mercenaire employé avec grand avantage par un
parti, puis par un autre parti. J'écoutais cet esprit libre débiter une
de ces tirades comme seule peut en créer l'insincérité... Lui répondre
par des pensées arrachées toutes vives à des sentiments vivants
bégayés; et blessés d'être formulés... Bribes... Restes... Je me tais
presque honteuse de ces pauvresses vraies.
 
J'écris moins avec qu'à travers le langage.
 
Je m'y meus difficilement, comme quelqu'un qui avancerait dans une eau
claire, mais lourde d'images, et que sa présence trouble.
 
 
 
 
THÉÂTRE
 
 
Ce qui est faux se voit surtout de loin.
 
Se méfier des «décors».
 
Molière n'a pas «vieilli», mais qu'il s'est rallongé!
 
Le théâtre a déjà été supplanté par la photographie vivante.
 
Les pièces grecques ne passent plus, les pièces lesbiennes pas encore!
 
En entrant au théâtre, je vois écrit: Sortie, et je sors.
 
 
 
 
VIEILLESSES
 
 
_Vieillir c'est se montrer._
 
 
Se regarder déjà dans les miroirs futurs?
 
 
Ce sont les nouveaux miroirs qui nous jettent la vérité à la face.
 
Des miroirs,--oui--pour y regarder les autres.
 
Beaucoup de regards font la vieillesse des yeux.
 
 
Ses cheveux étaient restés trop jeunes pour son visage.
 
Son visage délicatement, subtilement abîmé.
 
Suis-je seule à aimer cette jeunesse mûre et meurtrie qui survit à
l'adolescence, la jeunesse sensible et recréée de certaines femmes, qui
est la renaissance de leur beauté.
 
 
«Rester jeune», vouloir arrêter son développement au lieu d'évoluer,
de voir prendre aux traits tout leur caractère. Visages, exprimez vos
secrets, soyez des «documents humains» dignes d'être étudiés.
 
Après que la nature nous a accomplis et avant que la dissolution ne
nous entame, entre la jeunesse et la vieillesse, n'aurions-nous qu'un
instant personnel, un seul «best period»?
 
La jeunesse n'est pas une question d'âge: on est jeune ou vieux de
naissance.
 
Faut-il préférer la jeunesse anonyme et ses difficiles ajustements? La
maturité avec ses mises au point si tardivement au point? La vieillesse
et ses perceptibles et préoccupantes morts quotidiennes?
 
 
«Contemporains» ont des tendances plus semblables que compatriotes.
 
Cette femme d'esprit, si sûre d'elle-même, qu'elle plaît et se plaît,
la plupart du temps, à n'être pas belle.
 
 
Et cette autre, comme momifiée dans sa jeunesse. Même le temps n'a pas
voulu d'elle? Jeune de tout son âge:
 
La pénombre ramenait sur ses traits toute sa jeunesse passée. Je la
revoyais, telle qu'elle était vers ses vingt ans--sans cependant les
lui préférer!
 
 
... «Roses de cinquième jour».
 
Je croise souvent dans la rue une vieille femme chargée de crêpes,
tâtonnante et penchée à la recherche de ses tombes. Et une autre,
effondrée sur un pupitre de la poste, des feuilles sèches accrochées
à son chapeau en tulle respectable. Quand on la fit sortir, elle dit:
«Mais alors, où aller?»
 
N'être plus l'enfant «de personne» et avoir pour toute postérité, un
«tué à l'ennemi» et «un mort glorieux»!
 
Il a l'air d'avoir reçu une poignée de cendres au visage.
 
Vieillesse: parfois bûcher, parfois éteignoir.
 
Des tranchées:--Nous attaquons demain une butte imprenable... Mon père
ne comprend pas ma détresse, et se plaint du froid; je le trouve un peu
ridicule. Au revoir? adieu ... amie.
 
L'attrait des grands parents pour leurs petits enfants est souvent un
attrait de ressemblance: unis par les mêmes besoins.
 
Comme des bébés titubants, ivres de jeunesse, retombés en enfance, ils
vont, trébuchant, gazouillant et s'amusant avec les tout petits.
 
Le brugnon lisse, pêche imberbe, joue d'enfant auprès de la
pêche duvetée et trop mûre, et qui cède sous les doigts, joue de
grand'mère--idée aussi déplaisamment vraie que la rose d'Abel Bonnard
comparée à un «bouquet de paupières».
 
 
1.--Vieilles belles (Fards).--Elle rend sa chair si bonbon que cela
ôte tout mérite à sa roseur. Ses carmins sont peut-être empoisonnés!
Elle avait l'aspect de ces vieilles friandises qu'on a le tort de ne
pas laisser espacées au fond de leur boîte. On n'est pas aussi blanc,
ni de ce blanc, on n'est pas aussi rose, ni de ce rose. En fait de
conversation elle «jurait» avec la nature. Où sont ces jours lointains
où même le rouge mis à la hâte faisait un bel effet? Ne pas se rosir le
teint ni se rougir les lèvres lorsque cela ne peut plus paraître vrai,
ou bellement factice.
 
 
Au retour:
 
Ah! si de la revoir «en chair et en os» n'impliquait pas de la revoir
trop en chair ou trop en os!
 
Tout ce vernis craquelé aux commissures et encoignures la garantit
«ancienne».
 
Encore jeune--par endroits.
 
Il est dangereux à une femme d'un certain âge d'être vue de profil, il
est encore plus dangereux qu'elle se montre de dos.
 
Sa voilette semblait mettre sa vieillesse en cage, et avec quels yeux
de fauve apeuré elle regardait au travers de ses barreaux de soie
grillagée vers l'avenir sans avenir.
 
En finir avec la lutte, se laisser mourir pour pouvoir renoncer à la
toilette,--fatiguée de voir sur son visage crèmes et poudre de riz se
mettre toujours plus avant dans les mêmes sillons agités.
 
 
 
II.--Vieux beaux (Teintures).
 
_Comme nous noircissons, comme nous noircissons._
 
 
A quarante ans, on commence à apprendre sa jeunesse.
 
La tête appuyée sur le cuivre de son lit, il sentit l'implacable rond
d'une calvitie à venir.
 
A la place d'une tonsure elles ont un chignon.
 
 
Il réfléchit: «Elle a dû m'ôter son amour--c'est pour cela que je me
sens si vieux.»
 
Un matin de mai, il appréhenda son squelette sous sa chair et ses
cheveux gris tout proches.
 
Et ses os légers, friables comme des branches mortes, sans moelle ni
sève, parmi les bourgeons.
 
Il se dit: «Suis-je encore digne du printemps?», puis cita comme un
conseil à lui-même: «Re-verdir ou disparaître.»
 
Il ne disparut pas...
 
 
Son visage est marqué et ridé comme le garde-crotte d'une ancienne
carrosserie.
 
La teinture de ses cheveux et de ses moustaches fait paraître même la
rose vraie à sa boutonnière une fleur artificielle arrachée à quelque
couronne mortuaire.
 
 
Ces femmes atteintes de leur maturité comme d'une maladie incurable.
 
Se préparer un «terrain de chute»--non de rebondissement. La tombe
étant le seul terrain de chute admissible.
 
Sa tête restée fine semblait ne plus appartenir à son corps appesanti.
 
Si, en devenant une vieille femme, tant d'elles ne devenaient pas un
vieil homme?
 
Tant de femmes dégénèrent en joliesse, ne vaut-il pas mieux vieillir en
laideur?
 
 
Cet âge où notre «système» semble chercher sa pièce de rechange ou sa
maladie mortelle.
 
Il est né avec nous des douleurs, des conformations malheureuses de caractère que la mort seule peut détruire.

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