2015년 9월 9일 수요일

Pensées d'une amazone 15

Pensées d'une amazone 15



AUTOUR DE DIONYSOS
 
 
«_Les plus sages sont ceux-la
qui s'enivrent sans vin._»
 
Omar KAYYAM.
 
_(Ce qui met d'accord sur ce
point l'Extrême-Orient et
l'Extrême-Occident)._
 
 
L'alcool, notre ancêtre à tous.
 
... Les seules maladies qu'on boive avidement et qui ne puissent que
nous détruire--nous et nos descendants.
 
«Dieu punit jusqu'à la troisième et la quatrième génération.» Levons
donc un verre d'eau pure à la santé de la cinquième génération!
 
--C'est sans doute un bouilleur de crû qui a mis en cours cette
superstition qu'il est malchanceux de boire à la santé de quelqu'un
dans de l'eau. Boire à la santé de quelqu'un dans de l'alcool est en
tout cas un contresens.
 
Quant au vin «délectable» ne mérite-t-il plutôt d'être «goûté» que bu?
 
Si «l'illusion» est nécessaire aux malheureux, qu'on leur en laisse une
plus durable--mais l'illusion retarde.
 
«Dieu est pour le peuple»: il y a aussi un alcool de la sainte table.
 
 
Exagérantes ivresses, lyrismes falsifiant toute valeur, je plains les
enthousiasmes, les écrits, les amitiés et les amours nés à votre coupe.
 
Ce n'est pas une seule fois que les Ménades ont massacré Orpheus.
 
Ce qui se trouve dans un verre se perd dans le verre suivant.
 
 
Dionysos, ne buvant pas, avait-il jugé les hommes--en isolé, en
solitaire, du haut de sa sobriété--comme destinés à périr, et bons à
détruire? C'est sans doute pour cela qu'il lança parmi eux Silène sur
son âne.
 
En voyant l'ivresse ainsi symbolisée, comment les Bacchantes ont-elles
osé boire?
 
 
Un seul homme a été noyé dans un tonneau de vin--mais combien de
tonneaux de vin contient tout homme!
 
L'alcool, ce vice du sang.
 
Tous auraient le «vin triste» s'ils en comprenaient la portée.
 
C'est une absurde légende qui parle d'«hydromel» et de «nectar»;--les
dieux n'ont besoin que d'eux-mêmes.
 
Et les mortels ont beau chercher des stimulants néfastes et indignes,
pour se griser en dehors d'eux-mêmes, «pour s'ajouter ce qui leur
manque», comme a dit un Allemand!--Être assez riche pour s'ajouter à
soi--soi!
 
Une race peut s'assimiler une autre race et se l'identifier, mais
aucun sang n'est assez fort pour assimiler cet ennemi du genre
humain--l'alcool.
 
Cependant l'esprit du vin peut dématérialiser l'être aussi bien que le
rendre bestial. Est-ce dans ce sens et en connaissance de l'esprit qui
habite le vin que Jésus-Christ a dit: «Buvez ceci en mémoire de moi,
car ceci est mon sang»--ceci spiritualisera ce qui subsiste de mon
sang, de l'exaltation de mon sang en vous.
 
Étant né ivre, je ne bois que de l'eau.
 
L'alcool abrutisseur envahit les cerveaux, et puis les viscères, et
puis les générations à venir.
 
De soif (la tête au ciel, bouche forme de «thune»). Ils voudraient
avaler d'un trait la pleine lune.
 
 
A un souper, les femmes deviennent les filles qu'elles sont.
 
... Le miroir trop clair du petit jour leur fait peur.
 
... Ivre d'air pur, de nuit et de solitude,
 
je tends mes mains amoureuses vers l'aube, et
je rentre en trébuchant d'idées.
 
 
 
Emerson dit avec raison qu'on peut guérir l'ivrogne, etc... mais
jamais le débauché de l'émotivité...
 
Être ivre d'amour, aimer de toutes les forces de son corps et de son
âme, un être vivant, proche et décevant.
 
Nous avons peut-être un corps astral, mais certains de nous ont
certainement un corps cérébral et nerveux plus qu'un corps physique, et
auquel le corps physique répond comme Caliban à Ariel.
 
Perdre sa santé, sa domination morale c'est perdre la vie, car que vaut
la vie physique avec le cerveau invalide qui ne signe plus ses actes?
 
Ces orgiaques du sentiment finissent par être mangés par la vermine
de leur tristesse, aucun contentement ne peut leur parvenir. Leurs
inquiétudes montent la garde; aucun laisser-passer, aucun laisser-aller
à la joie. Ils sont dépossédés d'eux-mêmes et des autres, sauf par
les tourments qu'on leur cause. Le manque de mise au point de leur
sensibilité, instrument désaccordé, ne donne que de douloureuses ou
insatisfaisantes répercussions.
 
Les neurasthéniques, ces fous conscients.
 
J'ai vu des êtres ne céder la vie que devant l'apparition de leur
squelette, d'autres courtiser leur squelette en l'invitant chaque jour
à prendre la place de leur chair.
 
 
Quand le mal la fixait au lit, enfin tranquille et sans responsabilité,
elle disait au médecin qui venait la soigner: Je n'ai plus la force
des poisons ni des remèdes. Laissez-moi, je me remettrai toute seule
quand je ne serai plus fatiguée (de lutter pour l'un contre l'autre).
J'attendais ce moment pour pouvoir un peu me reposer.
 
Être malade, c'est faire la planche.
 
 
Non seulement les amoureux sont «love-sick», mais aussi certains
malades aiment leurs maladies.
 
Il y a des amoureux de l'amour d'autrui, des amoureux d'autrui,
d'eux-mêmes, contre autrui, contre eux-mêmes. Les plus zélés sont
peut-être ces derniers, que ne feraient-ils pour leur anéantissement?
Ils y mettent de l'amour,--tout leur amour.
 
Si c'est à autrui que nous devons parfois un mauvais état de santé,
nous nous devons du moins à nous-mêmes de nous améliorer dans le sens
qui nous convient. Nous sommes responsables de nous-mêmes, nous nous
vivons. Nous pouvons, soit échapper à la vie par le suicide, ou nous
guérir, ou nous adonner à l'inertie, choix que fait plus souvent le
malade. Je suppose donc qu'une maladie qui occupe une assez grande
partie de nous se fait accepter en hôte, de passage d'abord; il se
décide à rester, à la condition que nous lui abandonnions une partie
de l'édifice, à laquelle il ne peut se limiter, et il nous faudrait
soit le chasser, soit l'accepter en totalité. Il s'est attaché à nous,
et voici que nous nous y attachons, et parfois même au point de nous y
consacrer entièrement, d'en faire notre passion, de devenir sa proie
attentive et dévouée, décidés à rester ou à partir ensemble. Ce sont
des fidélités jusqu'au tombeau, ce sont des amoureux jusqu'à la mort.
 
 
 
 
PHILOSOPHIE DES TENDANCES
 
 
«Live and let live.»
 
 
Toute action est limitée à une ambiance, et plus ou moins en accord
avec elle et avec son auteur. Les journaux, l'histoire, nous livrent
des faits dérobés à leur atmosphère, subissant d'autres graduations,
d'autres valeurs, à partir du jour où ils furent pris, et ainsi
faussés, ils nous parviennent en guise d'étonnements et par chocs
trop voyants ou parfois trop effacés. Les romans conçus selon une
harmonie individuelle peuvent sembler plus réels, sont peut-être plus
réels que ces événements disloqués, privés de leur évolution et de
leur entourage, sortis de leur élément. Je crois qu'aucun amour ne
surprendrait, qu'aucun crime ne nous semblerait illogique, aucune
cruauté uniquement coupable, si nous pouvions en pénétrer les racines.
Un malade ne crée pas sa maladie: c'est parce qu'il ne peut lui opposer
une saine défense qu'elle l'envahit. Ainsi nous portons en nous le
germe de toutes les éventualités, la possibilité de tous les méfaits
et de tous les héroïsmes. Ils se développent et s'expriment grâce à
un manque d'équilibre, selon notre évolution, selon nos forces ou
nos faiblesses, selon notre vitalité généreuse ou avare, selon les
circonstances qui nous demandent de prendre parti, de nous manifester
par une __EXPRESSION__. Manifestation à son tour erronée parce qu'elle
semble représenter notre être en totalité, et n'est cependant qu'une
infinie parcelle ou peut-être une très passagère et contradictoire
partie de notre entité. Quel être a pu s'exprimer tout entier par
un acte? Un geste ne peut déterminer ni synthétiser un être; un
courageux peut se conduire à certaines heures comme un lâche, un
lâche comme un courageux, et, pour ma part, j'aime ceux-là seuls qui,
en bien ou en mal, agissent (que même Dieu vomisse les tièdes, les
prouve définitivement indigestes). L'action ne corrompt pas, elle
épure. Mettons ainsi hors de nous les démons et les anges dont nous
sommes possédés, et que nos actes porteront à notre place. Seules nos
tendances nous caractérisent et nous déterminent. Malgré de possibles
défaillances, les actes continuels et de la même espèce indiquent ces
tendances. Mais nous nous devons des actes en accord avec ce qui est
le plus persistant en nous-mêmes, notre responsabilité étant de nous
ressembler, de sauvegarder cette ressemblance.
 
«Pour rester pure, il ne faut pas que la pensée devienne acte.»
 
Idée un peu ecclésiastique--et qui rend impur d'esprit, comme le sont

댓글 없음: