2015년 9월 9일 수요일

Pensées d'une amazone 27

Pensées d'une amazone 27


Il devait en résulter de l'énervement, puis de l'abrutissement:
car, l'inspiration, qui est une excitation, demande à l'œuvre son
développement et sa satiété; échangée à plusieurs, elle s'écourte, se
perd ou devient orgiaque. Je soupçonne qu'aux Dialogues de Socrate, il
n'y ait eu comme esprit stimulateur que Socrate. Qu'importe le nombre
d'Alcibiades ivres qui s'insinuent et veulent prendre la place.--A côté
de Socrate, en face de Socrate, il y a Socrate, qui, parmi tous ces
réels fantômes, qu'ils soient ses amants ou ses amis, fait parler et
écoute en lui seul _ses personnages._
 
Quel couple certains être forment avec eux-mêmes; pour ceux-ci, même
l'amour est un dérangement. D'autres sont, à eux seuls, toute une
assemblée.
 
 
Si l'homme est fait à l'image de Dieu, la femme semble plutôt faite à
celle de Cypris ...--encore une cause d'incompatibilité.
 
_Armistice._--Ils ont du Mardi-gras la joie épouvantable.
 
Dévisager la mort,
Grimace, délivrance,
--Dernier masque du sort.
 
 
En nous surajoutant l'aide mécanique, nous abandonnons de plus en plus
nos instincts que nous aurions peut-être plus d'agrément à cultiver au
lieu de tant de science.
 
Nous attendons que ces dieux instruments nous communiquent ce que nos
nerfs auraient dû ressentir, notre cœur appréhender: c'est nous qui
devenons la machine, et la mécanique, notre être sensible, le surhomme
de notre civilisation.
 
 
Les allemands ne comprennent pas le sport--cette chevalerie, ce jeu de
la force adroite et juste.
 
La délicatesse de nos sentiments profite surtout à ceux qui ne la
ressentent pas.
 
Les êtres sans modération sont sans égards. Ils profitent en
conquérants des situations que vous créez pour eux et veulent vous
expulser des amitiés qu'ils vous doivent: place aux barbares!
 
Le parasite ne deviendra-t-il donc jamais assez gavé pour vivre de
lui-même?
 
Éviter le danger de faire goûter la richesse aux pauvres ils vous
tueront pour ne pas avoir à la partager avec vous.
 
Le mendiant est l'ombre du roi.
La pauvreté, notre ombre menaçante.
 
Être bon pour un être médiocre, c'est mériter qu'il vous reproche votre
médiocrité.
 
Ne donnons qu'aux riches--aux riches dans la misère.
 
 
Si vous tendez l'autre joue, que cela soit pour mieux reconnaître et
assommer celui qui veut en profiter.
 
Chiens, fourrures à besoins.
 
La culture physique, qui conserve la jeunesse du corps,--à qui nous
devons toute cette race de vieilles adolescentes.
 
Toutes les femmes ne sont pas faites pour êtres mères: quelle allure
aurait la Victoire de Samothrace si elle devait arrêter son essor pour
mettre bas.
 
Ces fleurs du Midi, multicolores et fripées, qui semblent avoir poussé
dans des confettis.
 
 
 
 
ENTRE LES ROUTES
 
 
Le vent, ce sans-patrie, ce juif-errant des éléments.
 
Juin: le Loir, désert en longueur à peine submergé.
 
Puis ton fleuve aussi large que ton ciel.
 
Provence:
Les cigales et leurs castagnettes.
 
Les ceps de vigne noirs tordus hors de terre comme des mains de Satans.
 
Paysage cinglé des sabres invisibles du vent.
 
Aride Provence desséchée par l'hiver, brûlée par l'été, pays d'extrêmes.
 
Oliviers trapus, ô huiles essentielles. Poiriers en fleurs contre les
cyprès noirs.
 
 
Les Baux:
 
Ruines ou chaos, résidence des quatre vents. Rocs où l'on semble
retrouver le Sphinx d'Égypte, l'Enfer de Dante, et toute l'Emphase
romantique, et toute l'Hellade détruite. Endroit si morne que son
bouquet de corsage tombé y fait tache.
 
Merveilleux Arc où des chevaux de pierre effrités et plus que vivants,
chargent depuis des siècles! La jambe d'un guerrier romain semble
encore imposer sa force au monde.
 
 
Hôtel d'Avignon, où Napoléon Bonaparte vécut dans ses meubles, petite
courette d'arches beiges, avec vos palmiers, portes basses où filtre
une ténue musique ancienne, de clavecin et de viole d'amour.
 
 
Plus au midi:
 
Bouillabaisse et les «trois sueurs» de Madame Salvatour!
 
 
Voyager c'est vivre dans la malpropreté d'autrui.
 
Mais pourquoi ne pas considérer la poussière comme le duvet des
meubles?
 
Par la fenêtre ouverte, les rayons de la lune glissent leurs longs
arpèges.
 
Landes où l'hiver n'est que l'été assoupi.
 
Au sortir de cette mort, retrouver la rose féminine et le lilas viril.
 
Cette Manche, avec son bras d'eau tiède passant au travers: (le
Gulf-Stream).
 
Ce Midi du Nord, avec ses figuiers, ses magnolias et ses roses
d'Octobre.
 
L'envergure, cette emphase du Nord, sans emphase.
 
Ondes sensibles, arpèges silencieux, musique des nerfs.
 
Mimosas dans l'averse, boules d'or et boules d'argent réunies.
 
... Aussi j'adore la désirer en vain.
 
Qu'il lui en voulait de la maltraiter.
 
La lumière du Midi, implacable comme le regard d'un enfant sain.
 
Oliviers dégageant ces verts de lune en plein soleil.
 
Le phare tournant qui met sa pulsation de lumière dans ma chambre.
 
Il n'aimait que «les verdures», misanthrope au point de ne pouvoir
souffrir même les tapisseries à personnages.
 
Les cygnes noirs au masque rouge.--Que n'a-t-on fait une Léda noire?
 
Ramer pour déplacer les paysages.
 
On voyage peut-être pour avoir au retour des yeux nouveaux.
 
Sa peau de soie meurtrissable en voyage comme les pétales de magnolia.
 
Faut-il qu'une route soit monotone pour qu'on la reconnaisse.
 
La haine, enfant prodigue, que tu nous reviens appauvrie!
 
Les beaux tuyaux de cheminée, casqués comme des chevaliers du moyen
âge, qu'ils veillent sur nos toits tels les gardes d'Hamlet sur les
remparts d'Elseneur.
 
Le clair de lune, ce revenant.
 
 
Le souvenir est une reconstitution, mais la mémoire a son imagination.
 
Quel cerveau est assez peu vaniteux ou personnel pour ne pas corrompre
les réalités à son gré?
 
 
Heureuses, bienheureuses
Les villes vaniteuses
Se mirant dans les eaux...
 
J'ai glissé pendant l'été sur les rivières inhabitées des house-boats.
Leurs rives sont d'une verdure si nuancée qu'elles remplacent les
autres couleurs.
 
Loin des routes et entre elles, je me repose de la fatigue que d'autres
ont éprouvée, et de tout ce qui n'est pas moi-même--je m'approche de
tout ce qui plaide bellement pour devenir moi-même.
 
«L'onde est un amant doux à qui veut le suivre,
Son mol enseignement apprend comme il faut vivre.»
 
 
D'ici tout m'importe et rien ne m'importe. Les réalités sont bercées
et somnolentes lorsqu'elles me parviennent: elles ont traversé l'eau.
Elles sont lavées de leurs souillures, mêlées aux reflets.
 
Lequel de ces arbres existe? Les deux existent autrement: ces saules
que le vent fait bruire et ces mêmes saules que l'eau porte et fait ondoyer!   

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